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La maquilleuse qui avait une relation amour/haine avec le maquillage. #beautefatale
Crédit: www.goodgiphy.com

Est-ce que vous vous maquillez? Vous prenez combien de temps le matin pour le faire? 5, 15 ou 45 minutes? Est-ce que vous le faites parce que ça vous fait sentir bien, parce que vous aimez l’idée du rituel, parce que ça vous permet de vous démarquer ou parce qu’il ne faudrait surtout pas que quelqu’un vous croise sans cache-cernes au dépanneur au risque de le traumatiser à vie? Allez-y, répondez, car toutes les réponses sont bonnes et parce qu’à certain moments de nos vies on l’a fait / on le fera pour différentes raisons.

Dans le documentaire Beauté Fatale de Léa Clermont-Dion, mon intervention est un montage de deux minutes d’une discussion qui dure deux heures. On survole ma relation amour-haine avec le maquillage. Quand j’étais au primaire, j’étais beaucoup trop grande pour mon âge, j’étais la seule qui avait des boutons et ma mère m’habillait avec les anciens vêtements de mon grand frère. Mes amies étaient toutes de grandeur moyenne, s’habillaient chez Jacob junior et avait la peau lisse comme des fesses de bébé. Et des chums.

Ma tante est maquilleuse à New York et malgré mon look super tom boy, elle a décidé à un certain moment de ma vie (début de ma crise d’adolescence qui a duré une quinzaine d’années) de m’envoyer des boîtes par la poste. Ces boîtes contenaient des produits Mac, Chanel et Armani. Je ne savais même pas c’était quoi Chanel, mais j’ai commencé à jouer avec les textures et les couleurs. Les mascaras turquoises et les encres à lèvres framboise. Je m’enfermais des journées entières en écoutant Janet Jackson, Korn et Blink 182. J’avais 13 ans et le maquillage était devenu une façon de m’exprimer. Je mélangeais tout ensemble; aucune règle n’existait dans ma chambre, ni sur mon visage. J’ai tellement eu de fun et en plus, ma mère préferait ça que je me mette à lui parler de tattouage.

Puis, grâce aux magazines, aux mini émissions de Lise Watier (#TBT) et à l’apparition de Britney Spears dans les années 2000, j’ai malheureusement compris ce qu’on était supposées cacher et ce qu’on devait mettre en valeur. Une peau uniforme, des grands yeux en amande, des sourcils symétriques et des longs cils noirs. J’avais tous les produits qu’il fallait alors… J’ai opéré la magie. Je me suis maquillée pour aller à l’école et le regard des autres à changé, j’ai automatiquement monté la barre. Je me suis mise une pression dans mon propre regard envers moi-même et aussi au travers de celui des autres. Personne ne m’a demandé de le faire, j’ai pris la decision par moi-même mais j’ai fortement été influencée par les magazines et les stars dans les films de jeunes ados branchés en Californie.

Je n’ai plus jamais rien fait sans être maquillée sauf dormir (pis encore là…). Journée à la plage avec les copines? Mascara waterproof. Planche à neige avec la famille? Fond de teint et sourcils dessinés. Et ma mère, chaque matin, me scrutait et me demandait d’en enlever un peu. Je n'en faisais qu’à ma tête. Je ne me trouvais pas belle sans maquillage.

Puis, après le cégep j’ai commencé à travailler chez MAC. On en mettait 4 pouces d’épais et on se faisait des retouches entre nous à chaque 45 minutes. C’est le moment dans le documentaire où je dis que ça m’est arrivé de pleurer en me démaquillant le soir. Calvince, t'enlève ton masque pour te coucher et même si ton chum te dit qu'il te touve plus belle au naturel, tu en doutes royalement.
Quand j’ai quitté MAC pour me partir à mon compte, ça a été comme une délivrance. J’ai opté pour un fond de teint plus léger puis j’en ai seulement appliqué un jour sur deux. Puis un jour sur quatre. J’ai arrêté de me battre contre mes défauts et j’ai décidé de me battre contre les démons dans ma tête. J’avais un copain qui m’aimait beaucoup et qui m’a redonné confiance en moi. J’ai réalisé que je ne faisais pas peur à personne à l’épicerie si je n’avais pas de mascara. J’ai redescendu les attentes. J'ai même mis des photos de moi sans maquillage dans mes articles pour TPL. Ça semble peut-être anodin pour vous, mais pour moi c'était un méchant grand pas.

Alors voilà ou j’en suis. Mon travail dans la vie, c’est de maquiller les gens et leur donner confiance en eux avant un tournage ou un événement. Je suis bin bonne là-dedans. J'aime aussi donner des cours de maquillage naturel aux femmes où j'explique mes trucs pour se maquiller en légèreté. 
 
Je suis contente d’avoir fait une intervention dans le documentaire pour parler de ce sujet-là.  Tout ce que je veux vous dire c’est que le bonheur se retrouve dans l’équilibre. Vous adorez vous maquiller? Tant mieux. Vous détestez ça? Tant mieux aussi! Faites ce qui vous tente, mais faites-le pour vous et faites-le intelligement. Ne mettez pas les barres trop hautes… La société s’en occupe déjà pour vous.

Souvent, les gens me demande pourquoi je ne me maquille pas plus que ça. Ben, c'est pour ça!

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