Aller au contenu
Handicap : comment Catherine voit le monde et vice-versa.
Crédit: Portraits de/of Montréal/Facebook + montage par Théo Dupuis-Carbonneau

En prévision de la semaine québécoise des personnes handicapées qui aura lieu du 1er au 7 juin, je tenais à vous faire part de ma petite histoire.

Je suis née complètement sourde. À l’âge de trois ans, j’ai eu une opération pour avoir un implant cochléaire. 
 

Moi à 3 ans, après mon opération, avec mon bandage et Minnie.
Crédit : Catherine Théroux

L'histoire aurait pu s’arrêter là. Malheureusement, ma surdité était un symptôme d’un problème plus grand : le syndrome de Usher. En gros, les cellules de mes yeux se suicident. Il s’agit d’une définition très personnelle et basique dudit syndrome. Depuis mon très jeune âge, mon champ visuel se réduit et ma vision centrale se détériore. 

Étant enfant, j’avais de la difficulté à me repérer dans l’obscurité, je ne distinguais pas les étoiles dans le ciel et retrouver un crayon échappé par terre était un calvaire… En vieillissant, le noir a gagné du terrain et aujourd’hui, à 24 ans, je vois environ 3 % de ce que vous voyez, avec ou sans lunettes. Je ne parle pas de qualité de la vision, mais de vision tout court. Plus le temps avance, plus je m’approche de la cécité.
 

Pour vous donner une petite idée : voici le champ visuel de mon œil droit. Il date de 2013, donc ça a empiré depuis. La partie jaune, c'est ce que vous voyez, et la partie rouge, c'est ce que je vois. 
Crédit : Catherine Théroux
 
Le champ visuel de mon œil gauche en 2013.
Crédit : Catherine Théroux

Ce que je trouve extrêmement difficile, c'est le regard des gens. J’ai beaucoup de difficulté à en parler dès le premier contact avec une nouvelle personne. Je ne veux pas que les gens voient Catherine l’handicapée, mais bien Catherine tout court. Qu'ils me considèrent pour ce que je suis, et non ce que je ne suis pas, c’est-à-dire une personne « normale ».

Par contre, plus le temps avance, moins je peux le cacher. J’ai besoin de quelqu’un qui me guide et d’adaptations quotidiennes. Je ne peux plus choisir d’afficher mon handicap ou pas et, avec ma canne blanche, je deviens une minorité visible.
 

Les regards qu’on me lance parfois dans le métro ou dans la rue me donnent envie de rentrer six pieds sous terre. Je sais que je dois m’en ficher, mais ça fait mal, c’est dur d’avoir l’impression d’être anormale.  

Je comprends que certaines personnes peuvent être surprises en me voyant avec ma canne blanche et je trouve ça même cute. Néanmoins, d'autres regards se font méprisants. Je me sens jugée et dévisagée. Scrutée à la loupe. Dans l'imaginaire collectif, une personne qui a une canne blanche est automatiquement aveugle, alors quand on me voit pitonner sur mon cellulaire ou retoucher mon maquillage, j'ai parfois droit à des regards outrés… comme si j'étais une « fausse » aveugle.
 

Crédit : Giphy

Nous sommes habitués au pictogramme du fauteuil roulant pour désigner un handicap. Cependant, certains sont invisibles et j'inclus également la maladie mentale, l'autisme, etc. Avant de juger les autres sévèrement, demandez-vous toujours s'il n'y a pas un fardeau invisible avec lequel la personne deal chaque jour! 

Je ne suis pas la seule à souffrir de la violence du jugement. Myriam vous a avoué faire du jogging la nuit pour ne pas sentir les regards des autres sur son corps. Valérie vous a parlé des commentaires plates sur son poids et la liste est encore longue. Ton Petit Look essaie de sensibiliser ses lectrices à la diversité corporelle et les handicaps en font partie.

Comment réagissez-vous quand vous voyez une personne handicapée?

Plus de contenu