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Les femmes pis la féminité

Auteur: Alex Viens
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Les femmes pis la féminité
Crédit: Alex Viens

La féminité pis les femmes. Je dois vous avouer que moi aussi j’ai été élevée en pensant que ça allait ensemble. Parce que clairement, ce sont deux mots qui se ressemblent, qui partagent une racine semblable. Mais mettons une chose au clair : y’existe plus assez d’excuses pour continuer d'utiliser ce mot-là, ou de croire que ça veut dire quoi que ce soit, point.

Finie, la féminité
 
Il n'y a absolument rien de négatif dans le fait de qualifier quelque chose de féminin. Mais une femme n'est pas plus ou moins une femme si elle n’est pas féminine. Le problème, c'est d'en faire quelque chose qui ait rapport au genre, d'en faire une absence négative si une personne possédant un vagin ne rentre pas dans cette boîte minuscule qu'est « la féminité ».
 
Pensez à toutes ces choses que vous qualifiez de féminines. Et venez me dire que c'est quelque chose qui n'est possible que parce que vous possédez un vagin (parlez-en à une personne trans, aussi, si vous trouvez toujours que c’est un propos valide). Le rose, les vêtements moulants, le maquillage, les pouliches, les cœurs… Ce sont des mots qui n'existent que par tradition. Et par tradition j'entends une culture malsaine qui pousse les enfants et les adultes à penser qu'il existe un rapport entre les goûts, les comportements, pis les organes génitaux d'une personne.

Une tradition qui encourage aussi les gens à penser qu'il n'y a que deux genres, qui se complémentent comme le ying et le yang. Ai-je besoin de rappeler que c'est vraiment hétéro-normatif, et que c'est une tendance qui sert souvent à justifier les différences « naturelles » (ou la domination) entre les genres? 
 
Quand on dit sur le Web, sur ce blogue, qu'une femme a le droit de s'habiller confortablement, de porter des vêtements aux coupes moins traditionnelles, moins « féminines », je me fais une tisane et je lis les commentaires outrés, remplis de « mais », qui crient au scandale, qui crient à la décadence. Les femmes portent du mou au travail! Les femmes sont de moins en moins féminines! Les femmes se beurrent trop la face! (Ou) Les femmes ne se maquillent pas assez! Les femmes ne sont plus ce qu'elles étaient! Ramenez-nous Marylin Monroe (LOL)!
 

 
Je vais me faire un trou dans la face à force de facepalm.
Crédit : Alex Viens

Les hiérarchies qu’on s’inflige
 
Je trouve dangereux d'associer « pouvoir » et « féminité ». Et quand je parle de pouvoir, je parle du pouvoir en général, dans son absence aussi. Je ne qualifierais jamais la masculinité comme un trait puissant, tout comme le féminin n'est pas un mot qui traduit la faiblesse. Ce sont des mots qui, bien que j'accepte encore qu'ils existent, me rendent mal à l'aise. Je les trouve inutiles. Et quand quelqu’un finit par s'en servir, ça ne fait que me rappeler à quel point ce sont des mots vides de sens, des cases pointues et contraignantes. Ça ne décrit absolument rien qui existe dans mon monde à moi.
 
Chacun/chacune est libre de se présenter comme il/elle le souhaite. Pour moi, et pour beaucoup d'autres personnes (des féministes, sûrement, ouh là là!), c'est un principe très simple qui ne fait aucun lien entre la valeur d'une personne et son habillement, particulièrement les femmes. Est-ce un principe si radical? De croire qu'une personne peut y aller de son goût, de sa personnalité, de son aise, quand il s'agit de s'habiller?
 
Je ne pense pas que ce soit de manquer de jugement que d'exiger que les femmes aient le droit de choisir ce dans quoi elles sont confortables. Pis là-dedans, j'inclus les jupes, les robes, les talons hauts, les trucs mous, les trucs « masculins », le hijab, les casquettes, les culottes pas de fond, les bobettes de menstruations, whatever. Je pense que la meilleure manière d'être féministe, c'est de ne pas douter de l'intelligence des femmes, point. Aussi, de ne pas douter de leur capacité à s'habiller confortablement et de circonstance. Ne pas douter non plus de ce qui peut contribuer en leur confiance en elles, en une vision positive et harmonieuse de leur corps.
 
Surtout, c'est d'arrêter de voir les vêtements comme un symbole moral avec nos yeux de Nord-Américains blancs (si le soulier vous fait).
 
Maintenant que tout le monde est au courant que de définir quelque chose comme masculin ou féminin, c'est de la bullshit, j'aimerais passer collectivement à autre chose. J'aimerais arrêter de lire des articles, des commentaires, ou d'entendre des gens me dire que c'est donc dommage que les femmes ne soient plus aussi féminines qu'elles l'étaient dans le bon vieux temps (il y a tellement de belles choses à regretter des années 1950). Parce que la seule chose qui ait peut-être changé, vraiment, c'est que de plus en plus de femmes se donnent le droit de questionner les niaiseries qu'on exige d'elles.
 
Pis je pense que c'est ben tant mieux.

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