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J’aurais voulu qu’on me parle de sexe à l’adolescence
Crédit: Epicantus/Pixabay

J’ai eu mon premier chum à l’âge de 14 ans. Je n’étais pas la fille la plus déniaisée pis je n’ai jamais pensé aller jouer dans ses culottes. Nos longs baisers sur du Avenged Sevenfold me suffisaient amplement.
 
Sauf qu’il voulait que j’aille dormir chez lui alors que ça ne faisait qu’un mois que nous étions ensemble. Dans ma tête, il n’y avait pas de problème. C'était pour dormir, ni plus ni moins. Mais ma mère ne voyait pas ça de la même manière.
 
Et c’est comme ça qu’a débuté la fameuse conversation sur le sexe : « Tu sais, les garçons ne pensent pas comme les filles », m'a-t-elle dit. Ma mère a refusé que j’aille dormir chez mon p’tit chum. Aujourd’hui, je comprends, je ne lui en veux pas, mais je trouvais ça ben plate à expliquer à mon copain et j’avoue que j’étais un peu fâchée. J’avais l’impression que c’était à moi qu’elle ne faisait pas confiance, pas à lui.
 

Crédit : Lovestruck prints/Facebook

Encore aujourd’hui, c’est un peu comme ça que la société voit les choses. On met le blâme sur les femmes, comme si la responsabilité des actes de leurs partenaires leur revenait entièrement. Si j’avais décidé d’aller dormir chez mon copain, malgré l’avertissement de ma mère, et qu’il m’avait violée, est-ce que ça aurait été de ma faute? Malheureusement, plusieurs personnes pensent que oui et ça transparaît dans la piètre éducation sexuelle qui est donnée aux jeunes.
 
Au secondaire, je n’ai pas eu droit au service d’une sexologue pour me montrer comment avoir une vie sexuelle saine. On nous a plutôt montré rapidement le fonctionnement des organes génitaux (sauf le clitoris, oups) et comment enfiler un condom. Ensuite, mes parents m’ont assise à la table de la cuisine pour me demander si je voulais prendre la pilule contraceptive. Ma mère m’a aussi répété (et encore aujourd’hui) de surveiller mon verre quand je sors et de ne pas mettre de shorts trop courts, ou de décolletés trop plongeants.
 
Je comprends que mes parents voulaient me protéger, mais ils ne m’ont jamais dit que le sexe pouvait être plaisant. Ils ne m’ont jamais dit que j’avais le droit de m’habiller sexy pour me faire désirer et ensuite avoir du fun comme je le veux. Tout ce qu’ils m’ont dit, c’est que c’était MON devoir de ne pas tomber enceinte en prenant des précautions, et que c’était MON devoir de ne pas me faire violer en me faisant discrète et prudente.
 
Le sexe me dégoûtait. J’avais l’impression d’avoir une malédiction entre les jambes.
 

Crédit : Jule/Facebook
 

Je me souviens que, vers l’âge de 13 ans, une amie m’a dit qu’elle avait hâte de faire l’amour et elle se demandait si c’était normal. Je ne savais pas quoi lui répondre, j’avais honte de lui donner raison. Pourtant, un p’tit gars qui dit ça, on ne se demande jamais si c’est normal ou pas, on lui fait presque un high five.
 
À l’adolescence, j’aurais aimé que quelqu’un me dise que j’ai le droit de me masturber. J’aurais aimé qu’on me dise que j’ai le droit de vouloir faire l’amour, et que ça se peut que je désire les garçons, les filles ou les deux pis que ce n’est pas grave. J’aurais aimé qu’on me dise que j’ai toujours le droit de dire non à une relation sexuelle, même si j’ai bu, même si je suis nue, même si c’est mon chum.
 
Toutes ces choses-là, je les ai apprises après avoir eu 18 ans. Ça, ce n’est pas normal.
 

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