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Je regrette d’avoir avorté

Auteur: Annie Nonyme
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Je regrette d’avoir avorté
Crédit: Evdokimov Maxim/Shutterstock
J’étais vraiment jeune lorsque c’est arrivé, je n’étais pas préparée. Au moment où je l’ai su, mon copain de l’époque voyait une autre fille (à mon insu, évidemment). J’avais peur et je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait… alors j’en ai parlé aux personnes qui comptent le plus pour moi et qui, je pensais, me supporteraient dans ma décision, peu importe laquelle ce serait : ma famille.
 
Je me suis laissée convaincre par leur opinion : ce serait trop difficile. Maman monoparentale à 16 ans, c’était hors de question pour moi, selon eux. Je devais finir le cégep, aller à l’université, rencontrer l’homme de ma vie, me marier et ensuite avoir un bébé.
 
Chaque fois que j’y pensais, j’étais convaincue que je devais le garder. Je pensais quelquefois que c’était parce que je devais apprendre à assumer les conséquences de mes gestes. Parfois, c’était plutôt pour prouver au monde entier (et à moi) que je pouvais réussir malgré tout. Au final, mon plus grand argument, c’était simplement ma petite voix intérieure qui me rappelait à quel point je l’aimais déjà.
 
Mes arguments se faisaient démolir par le conseil familial. Je ne me sentais pas de taille à les affronter. J’avais l’impression que sans leur support, je ne pourrais jamais y arriver.
 
Alors un rendez-vous a été pris, et ma famille m’y a accompagnée. Jusqu’au dernier moment, j’ai essayé de me désister. Quand l’infirmière m’a appelée, j’ai pleuré. Sur la table d’opération, j’ai pleuré. J’ai pleuré quand je me suis réveillée quelques heures après et que j'ai senti le petit vide dans mon ventre. J’ai pleuré pendant presque deux années. J’ai pleuré en écrivant ce texte.
 
Je vous révèle la suite : dépression majeure, abandon du cégep (plusieurs fois) et aucun diplôme universitaire. Une partie de moi s’est éteinte cet automne-là.

J’en ai voulu pendant plusieurs années aux membres de ma famille de ne pas m’avoir écoutée et soutenue au moment où j’en avais le plus besoin. Surtout, je m’en suis voulu. De ne pas avoir été assez forte, de ne pas m’être écoutée, de ne pas avoir cru en mes capacités, de m’être laissée tomber sans jamais me relever, de m’être blessée de toutes les façons possibles pour me punir de ce que j’avais fait.
 
Des années plus tard, j’apprends encore à me pardonner. Je regrette de ne pas avoir choisi ce qu’il y avait de mieux pour moi.

Crédit : Giphy
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