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Quand l’excès de sport cache un trouble alimentaire
Crédit: Pavel Yavnik/Shutterstock

Le jour où j’ai réalisé que ma relation avec la nourriture était tout sauf saine, je me suis posé beaucoup de questions : comment en suis-je arrivée là? Est-ce qu'un événement dans ma vie a déclenché le processus amour-haine avec la nourriture? Est-ce que la société et sa progression au niveau des standards de beauté m'a influencée à ce point? Mes réponses se résument à un « je n’en sais rien ».
 
Ce que je sais, c'est que ce n’est pas normal de penser à la nourriture 90 % du temps, d'avoir en tête que manger des fruits est mauvais pour moi parce qu’il FAUT COUPER DANS LES GLUCIDES! Ce n’'est pas normal d'avoir un cheat day ou cheat meal. Cette vision-là m'a amenée à me sentir mal dès que je mange quelque chose que j'aime et qui n'est pas conforme à mon plan alimentaire. J'en suis à me goinfrer comme un porc, à en avoir mal au cœur, à avoir HONTE, à me cacher.
 
Manger comme s’il n’y avait pas de lendemain, comme si j'avais manqué de nourriture toute mon enfance, alors que ça n'a jamais été le cas. Manger sans même goûter réellement les aliments. Avaler tout rond, tout en pensant à ce que je vais manger ensuite. Ouvrir les armoires frénétiquement pour trouver quelque chose de « mauvais » à me mettre sous la dent.
 
J'ai toujours vécu avec le stress de devoir me conformer aux standards de beauté. Quand j'étais jeune, les filles devaient être minces, sans trop de courbes. Aujourd'hui, la société prône les fitgirls. Abdos, alimentation saine, courbes parfaites. À l’époque, je n'étais pas mince, je n'étais pas grosse. Puis, au cégep, je me suis mise à prendre beaucoup de poids. Je ne cadrais plus avec les standards. Je ne plaisais pas, ou, du moins, c’est ce que je pensais. Je mangeais mes émotions, comme je le fais encore aujourd'hui. La bouffe est devenue un réconfort. Puis une échappatoire à toutes les situations négatives dans ma vie. Me regarder dans le miroir était simplement décourageant. C’est dur de se regarder et de détester ce qu'on voit… Je me suis mise à ne porter que du noir et des chandails amples. J'ai même arrêté de me baigner. Porter un maillot de bain… la honte! Qui veut voir une toutoune en maillot?!
 
Un jour, j'en ai eu assez. Je me suis mise à m'entraîner. 4, 5, 6 fois par semaine. Mais la vieille mentalité : « je me suis entraînée, j'ai le droit de manger ça! »… Je l'avais à cent mille à l'heure, avec excès. J’ai donc passé deux ans à m'entraîner sans avoir de résultat. Ça aussi, ça joue dur dans la caboche. J'ai fini par trouver une façon de perdre du poids : compter mes calories. Ça a très bien fonctionné. Jusqu'à ce que j'atteigne un plateau. En même temps que j'atteignais ce plateau-là, mes objectifs changeaient aussi… d'être « mince », j'étais rendue à « je veux des abdos! » Parce que, ben oui, j'ai réussi à perdre 60 lb en deux ans. Je me suis embarquée dans le processus du plan alimentaire ; bonjour l'enfer.
 
Le saviez-vous, que c'était strict de même un plan alimentaire de fitgirl?! Allô la chute. J'ai en braillé une shot quand j'ai vu mon premier plan. Viande rouge/volaille, légumes verts, œufs/blancs d'œuf… moi qui ne suis pas très imaginative, on s'entend que mes repas étaient plates en maudit. J'ai quand même continué. J'ai pris un entraîneur privé, nouveau plan alimentaire, résultats? Yessir! On est en business!!! Ben non. Parce que dans ma tête, la nourriture c'est pu le carburant pour vivre. Je me suis privée, et maintenant, je vis pour manger. M'entraîner pour manger plus, pour manger « moins bien ». J'en suis là en ce moment et je capote. J'ai beau essayer de reprendre le droit chemin avec mon meal plan je n’y arrive pas. Je me mets tellement de pression pour atteindre mon objectif que je me plante à chaque fois. Dès que j'ai des bons résultats, je perds le contrôle.
 
Je mange, je mange et je mange.
 
Mon estime prend une claque à chaque fois. Et la claque est toujours plus violente, mais on s'habitue à la longue. On vient à se rabaisser, à recommencer à se regarder et trouver son corps laid.
 
Malgré les hauts et les bas vécus avec les plans alimentaires, je sais que je vais continuer de chercher LE plan qui va m'aider à avoir des abdos. Parce que c'est gravé dans ma tête. Et ce n’est pas sain!! Parce que j'ai un problème avec la nourriture qui, lui, nourrit mon problème d'estime qui, lui, nourrit mon problème avec la nourriture. Un beau cercle vicieux. Un trouble alimentaire. 
 
NDLR Si vous vous trouvez face au même problème, des services existent, tels que https://anebquebec.com/services.  

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