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Je me valorise lorsque je m’épuise
Crédit: Oldiefan/Pixabay

Ce n’est un secret pour personne, tout le monde court tout le temps. Tout le monde court après le temps. On travaille pour acheter du manger, on doit cuisiner son manger, faire le ménage parce qu'on a fait du manger. Quand on ne travaille pas, on a tout le temps autre chose à faire. Comme prévoir l’autre semaine de travail qui arrive toujours trop vite (parce qu’il faut acheter d’autre manger), ou essayer d’avoir un peu de fun au travers, parce que le self-care, c’est important.

Sauf que je ne peux pas dire que je cours sans arrêt. J’ai la chance d’avoir trouvé un certain équilibre dans tout ça. Ce qui ne m’empêche pas de basculer de l’autre côté du balancier, de temps à autre. Quand mon emploi du temps est surchargé, c’est circonstanciel. Et quand ça arrive, oui je suis fatiguée. Mais ça vient aussi avec un sentiment d’appartenance mêlé à de la fierté, aussi étrange que cela puisse paraître. J’ai l’impression de valoir un peu plus en tant qu’être humain.

Quand mes semaines défilent sans que je puisse m’arrêter pour autre chose que dormir, c’est un peu comme si je contribuais plus à la société, ce qui est complètement ridicule. Je ne rends service à personne en m’épuisant. Je n’arrive vraiment pas à m’expliquer ce sentiment d’accomplissement.

Je me sens un peu comme au secondaire, quand je voulais faire partie de la gang de filles cool qui portaient du Billabong. Même si je ne m’entendais pas si bien que ça avec elles. Même si on n’avait aucun point en commun. Je voulais faire partie du groupe pour faire partie d’un groupe, je pense. Et tant qu’à faire partie d’un groupe, autant que ce soit celui des chicks de l’école!  

Aujourd’hui, il y a une partie de moi qui voudrait avoir une vie ultra remplie, parce qu’on dirait que c’est ça qui est cool, de nos jours. Du moins, c’est comme ça je le perçois. On dirait que c’est la norme, et moi, je veux être dans la norme. Je veux être cool. Et comme c’est arrivé à quelques reprises dans ma vie, j’ai l’impression de ne pas faire partie du mouvement. De moins exister parce que j’ai le temps de faire des choses que j’aime et qu’en général, je suis reposée.

Le pire dans tout ça, c’est que j’ai toujours hâte que mon rush finisse. Je n’en tire aucun plaisir.

Je me sens facilement submergée par le quotidien et les responsabilités qui viennent avec. Je ne m’épanouis pas quand j’ai quarante projets sur la table en même temps. Je ne suis pas faite pour ce genre de vie. (Je pense aussi que notre société est un peu malade et qu’on devrait tous.tes relâcher la pression, mais ça, c’est un autre sujet. Cela dit, je comprends également que pour beaucoup de personnes, raccourcir la to-do list n'est tout simplement pas envisageable.)

Tout ça pour dire que je sais très bien que la vie que je mène en ce moment, c’est ce qu’il y a de mieux pour ma santé mentale. Même en sachant ça, j’admire les personnes pour qui ce serait pratique que les journées aient plus de vingt-quatre heures. Parce que quand je passe au travers d’une période particulièrement occupée, je me dis que moi aussi, je peux gérer ça. Comme si ma vie devenait soudainement plus intéressante parce que j’ai trop de choses à faire. Comme si je méritais plus mon repos parce que je suis vraiment fatiguée. Comme si j’avais plus le droit d’être fatiguée, dans ce temps-là.

Ce qu’il me reste à faire, je pense, c’est de me rappeler qui je suis et pourquoi j’ai fait ces choix-là. De me répéter que c’est correct d’y aller à mon rythme et que ma santé mentale est aussi plus importante que tout le reste.

Êtes-vous un peu comme moi? Avez-vous l’impression de mieux fitter quand vous vivez des périodes très occupées? 

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